«Mon vieux pote pierrot et moi, on a traversé et pas toujours dans le bon sens, trente-trois ans d’usine et de solitude. On y est entrés pauvres en talent mais avec pas mal d’illusions sur le genre humain. On en est ressortis exsangues de tous sentiments. Il nous a fallu produire des richesses qui produiraient d’autres richesses jusqu’à ce que mort s’en suive.
À l’usine, on a tout connu ou presque. Mais qui peut prétendre avoir tout compris au grand monde industriel et celui encore plus mystérieux de l’économie de marché ou autres guignoleries ?
À l’usine, c’est souvent que l’on a attendu des jours meilleurs. Ils ne sont jamais venus. À l’usine, mon vieux pote Pierrot et moi, nous avons tout partagé sauf la solitude. Parce que la solitude ne se partage jamais. Avec personne. »
« À Paris, Ed se laissa pousser une petite moustache rousse pour avoir ce côté esprit bohème. Il la rasa au bout de trois semaines. Elle le faisait éternuer. »
« Je voudrais que les yeux
Qui se promènent
Sur mes tableaux
Servent de fenêtre
Ou d’escalier
Entre mon cœur
Et les grands vents. »
Thomas Vinau dans son Bric à brac hopperien se livre à un exercice biographique très libre.
Traduit de l'italien par Patrick Vighetti.
La clé dans le puits, publié en 1933, se présente comme une série de portraits d’aliénés de l’hôpital psychiatrique de Maggiano près de Lucques en Toscane.
Ce livre est une descente courageuse dans le monde souterrain de la folie et une attaque en règle contre la morale bourgeoise et l’art officiel. Ce petit peuple qu’il évoque c’est celui que Lorenzo Viani fréquente, aime et défend de longue date, celui de la rue, celui des champs, celui des lieux délaissés par l’histoire et par les classes dirigeantes.
« Si la folie était douloureuse on entendrait crier dans chaque maison. »